Nous prenons un sentier censé nous amener à un bled traditionnel paumé au fin fond de la montagne. Nous grimpons, descendons, et arrivons à un barrage. Nous devons chercher 5 bonnes minutes sous la tempête glacée avant de trouver la nouvelle trace qui ressemble en fait plus à un toboggan de piscine (avec le petit filet d’eau au milieu pour que le cul glisse bien) qu’à un chemin de rando. Même pas peur, nous y allons, grimpons, glissons, escaladons… et arrivons au-dessus sans trop de souci. Comme quoi, faut pas toujours se fier aux apparences !
Les vues là-haut au milieu des collines récompensent tous nos efforts. Nous passons à travers un cimetière avant de déboucher sur un autre versant de rizières en terrasses.C’est encore cent fois plus joli que Ping’An, ici il n’y a pas de touristes, les montagnes s’entrelacent et s’emmêlent dans tous les sens, et là-dedans les paysans sont allés creuser des millions de facettes en gradins. Nous pouvons apercevoir de (très) loin les premières maisons de Zhongliu.
Nous pensons pouvoir y arriver en 10 minutes, mais il nous faut plus d’une demi-heure sur un petit chemin empierré qui serpente dans les vallées avant d’atteindre la bordure du village.
En chemin, nous croisons une petite dame « aux longs cheveux » qui nous invite avec ses copines à venir manger chez elles. Elles sont très gentilles, nous prennent la main, nous disent « you bioutifoul ! you bioutifoul ! » à longueur de temps et nous guident finalement vers chez elles.
Elles sont toutes petites et toutes mignonnes dans leurs habits traditionnels !
Elles nous installent au premier étage de leur gigantesque maison en bois toute vide, qui à la base devait servir en même temps de logement à toutes les générations de la famille, d’entrepôt, de ménagerie…
Nous commençons tout doucement à comprendre que leur gentillesse est orientée et que finalement nous allons devoir payer comme n’importe quel touriste pour leurs services. Enfin, qu’importe, cette promenade est magique, nous somme trempés comme des soupes et nous décidons de voir ce qui se passe au fur et à mesure. Nous avons déjà remarqué que nos petites dames en costume sont en fait les seules du bled à encore s’habiller comme ça et à porter les cheveux longs, ça nous met la puce à l’oreille.
Nous rejoignons les petites dames qui nous préparent un repas digne de ce nom. Au menu, patates et autres racines frites, pousses de soja fraiches sautées, viande de porc fumé croustillante et omelette aux bettes.
Un énorme délice, nous nous faisons littéralement péter la panse !!!
Pendant que nous mangeons, l’une des vieilles habille Vi pour prendre des photos. Ensuite commence malheureusement la ronde habituelle des ventes de cartes postales, de portemonnaies, puis deux autres vieilles arrivent avec des bandanas, des ceintures, des bracelets en argent, tous les trucs qu’on avait vu la veille sur les étals à touristes dans les ruelles de Ping’An… Une des femmes nous propose aussi de prendre une photo de ses cheveux pour 10 yuan, tiens donc, on nous l’avait déjà faite celle-là !
Pour être francs, ça nous gâche un peu notre moment, mais bon nous nous étions fait à l’idée que ça finirait bien par arriver, que leur gentillesse et leur accueil avait un but un peu plus mercantile.
Malgré tout, le repas était fabuleux, nous négocions le repas complet et un petit bracelet très âprement et nous en sortons pour une somme très modique.Nous nous dépêchons de sortir de la maison « du bon accueil » avant que d’autres vieilles ne viennent nous encadrer pour nous refiler leurs bibelots.
C’est outrant en fait quand on y pense cette façon de vendre ses propres traditions et détourner leur sens premier pour que ça devienne du bête commerce et de l’argent facile, c’est tellement dommage. Enfin, qui pourrait les blâmer de vouloir s’enrichir plus rapidement qu’en travaillant leur terre à la sueur de leur front ?
Nous retournons sur nos pas, vers Ping’An, avec un petit gout amer en bouche, mais résolus à ne pas gâcher la magie de notre journée par quelques minutes embarrassantes à la fin d’un repas de malade.
Sur le sentier de retour, nous croisons un petit groupe de touristes, bien sûr accompagnés de petites dames en costume qui leur tiennent la main à coups de « you bioutifoul »… En fait, nous arrivons à la conclusion que ces femmes ne font que ça de leur journée, attendre qu’un touriste passe pour les accoster, les ramener chez elles et essayer de leur refourguer leur brol. En soi, c’est pas bien méchant et c’est plus intelligent que les autres femmes qui passent leur journée à la sortie des bus à forcer la main des gens et à les harceler jusqu’à ce qu’ils remontent dedans.
Nous repassons faire quelques photos au panorama n°1 avant de rentrer digérer cette journée riche en émotions de toutes sortes.
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Prochaine étape: Anshun
Nathan et Virginie
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2012-04-23 Zhongliu |
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