vendredi 2 mars 2012

Saigon et le musée de la guerre (encore des horreurs) !

Et voilà, ça y est, déjà notre huitième pays ! Nous passons le poste frontière sans encombre, la compagnie de bus avec laquelle nous voyageons paie un type qui se charge de toute la paperasse et le stress administratif avec les autorités. Nous on doit juste suivre les instructions : « descendez », « marchez jusque-là », « mettez vos doigts là pour la prise d’empreintes », « remontez dans le bus »…


Nous arrivons en fin de soirée à Ho Chi Minh, une petite dame attend à la sortie du bus et nous montre son hôtel. OK, on prend, on a pas envie de faire le tour de la ville à cette heure-ci avec tout notre bardas. A la télé, nous tombons sur le match Belgique-Angleterre!!!
Le lendemain, nous partons découvrir le musée de la guerre du Vietnam. Evidemment, dans un pays à la politique autoritaire et propagandiste (le pays est gouverné par le parti communiste, tout puissant et qui contrôle tout ce qui a trait aux affaires sociales et politiques), nous savons que nous devrons faire la part des choses en lisant les textes « orientés » et nous faire notre propre opinion.

La première exposition est centrée sur les crimes de guerre américains perpétrés sur les populations civiles. Plusieurs histoires sont commentées et illustrées de nombreuses photos.



Notamment le massacre du village de Tanh Phong le 25 février 1969, où les GI’s ont tués 15 civils, dont trois femmes enceintes. Ils ont démembré plusieurs personnes et égorgé de vieilles personnes, . La seule survivante est une jeune fille de 12ans, malgré tout blessée au pied. La milice en question était commandée par Bob Kerrey, devenu sénateur fin des années 90. En 2001, il a confessé son crime devant un public international.


Mais le massacre le plus important fut celui du village de My Lai le 16 mars 1968, où les GI’s ont massacré 504 personnes, dont 182 femmes (17 enceintes), 173 enfants et 60 personnes âgées (plus de 60 ans). Les troupes Us ont ensuite rasé le village et mis le feu à ce qui restait. De nombreux ouvrages ont été écrit sur cette tragédie. Beaucoup de photos sont interpelantes, car prises sur le vif par les reporters de guerre américains. On peut voir des hommes au regard appeuré supplier qu’on les laisse en vie, tout en sachant qu’ils sont morts quelques secondes après le shot ou des enfants terrifiés blessés par balle en train d’agoniser au milieu de la route.





Une autre partie de l’exposition montre les ravages causés par les tapis de bombes lancés depuis les B52 mais également par des tas d’autres bombes, comme les bombes au phosphore, au napalm, à fragmentation, bombes anti-personnel, bombes « papillon », bombes à « aiguilles », la liste est longue… Ces engins de la mort tuent encore des personnes tous les jours dans les campagnes indochinoises (âmes sensibles, passez les photos!).


La seconde grande exposition est consacrée à une autre famille d’armes de destruction massive moins conventionnelles mais employées à très grande échelle par les US. Il s’agit des armes chimiques. Plus de 100 millions de litres d’agents chimiques (incluant 44millions d’agent orange) ont été dispersées au-dessus du pays. L’agent orange est une substance ultra-chargée en dioxine, et le plus ultra-dangereux de tous les composés chimiques jamais découverts par l’homme.
Vous rappelez-vous les affaires de poulet à la dioxine qui ont ébranlé nos habitudes alimentaires il y a quelques années ?
Hé bien imaginez qu’on répande ce produit en quantités astronomiques au-dessus de vos têtes, vous pourrez faire la comparaison. Pour exemple, 85grammes de dioxine peuvent tuer une ville d’une population 8 millions d’habitants en un rien de temps !





Le problème avec cet agent, c’est qu’il n’a pas fait que tuer les gens et les animaux, détruire des millions d’hectare de forêts et de champs, polluer les rivières et les lacs. Cette dioxine s’est également insinuée dans les organismes et a corrompu l’ADN de milliers de personnes, créant ainsi de nombreuses malformations chez les nouveaux nés. Le pire, c’est non seulement les Vietnamiens ont été touchés, mais également beaucoup de soldats américains qui sont rentrés au pays et ont soit eu eux-mêmes de graves problèmes de santé, soit ont engendrés des enfants sans bras, avec des têtes immenses, aveugles, muets, leucémiques  et autres. Les effets de ce poison sur l’ADN sont dévastateurs et peuvent se transmettre sur de nombreuses générations (âmes sensibles s'abstenir de regarder les photos!).


Encore aujourd’hui, quand on se promène dans les rues vietnamiennes, on croise souvent des mendiants infirmes de guerre ou déformés ou des enfants débiles ou trisomiques et c’est dur de résister à l’envie de leur donner l’aumône à tous parce qu’il y en a tellement que nous serions ruinés en une semaine à peine.
La troisième salle met en scène les photos chocs de la guerre prises par les nombreux reporters morts sur le front. Nous ne pouvons que remercier leur courage car, sans eux, l'information sur la dureté de la guerre ne serait jamais passée.



Au rez-de-chaussée, nous pouvons voir des photos des manifestations aux States et dans le monde contre la guerre. Il y a même une photo d’une manif’ à Bruxelles !

Dans les jardins du musée sont exposés des tanks, avions et hélicoptères, c’est vachement impressionnant de se trouver au milieu de ça !

La dernière partie du musée est une reconstitution de la prison de Phu Quoc, créée par les Français en 1953 et récupérée en 1955 par le gouvernement Sud-Vietnamien pour « reformer » les contestataires communistes du Sud-Vietnam. En 67, la prison a été transformée en camp de détention pour 30 à 40.000 soldats de l’armée communiste. Les prisonniers étaient détenus dans des conditions effroyables et torturés à longueur de journée.


On peut voir la guillotine que les Français utilisaient encore dans leurs colonies alors qu’elle avait été bannie de la métropole depuis de nombreuses années déjà.

Les « tiger cages » sont des cagots métalliques entourés de barbelés dans lesquels deux à trois prisonniers pouvaient être gardés en même temps, en plein soleil.

Nous sortons de là un peu choqué, mais en essayant de faire la part des choses. Car ces expos sont centrées sur les atrocités que le peuple vietnamien a dû endurer face aux invasions étrangères mais ne parle en aucun cas des « nettoyages » et autres assassinats des Nord- et Sud-Vietnamiens entre eux pendant les guerres du Vietnam, avant et après réunification du pays, lors de l’invasion du Cambodge en 78... Vraiment la guerre est quelque chose de très complexe, et nous avons pu voir dans les détails l’une de ses multiples facettes. Mais combien d’autres horreurs avons-nous encore à découvrir ?
Après tout ça, nous partons faire un petit tour en ville, et passons devant l’ancien palais présidentiel sud-vietnamien, ainsi que devant de nombreux bâtiments coloniaux qui représentent encore les Highlights de la ville, même si la relève est là. De nombreux gratte-ciels sont en train de pousser comme des champignons un peu partout dans le centre-ville.



Nous sommes effarés par le nombre incalculable de mobylettes qui circulent dans Saigon (certains nous parlent de plus de 5,5millions de mobylettes pour environ 8 à 10 millions d’habitants).
Nous rentrons à l’hôtel après cette dure journée !
Prochaine étape: Les Tunnels de Cu chi

Nathan et virginie
Lien vers album:
2012-03-02au03 Saigon

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